Colombie: début du cessez-le-feu avec l'ELN, la dernière guérilla


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Après plus d’un siècle de lutte armée, la Colombie franchissait dimanche une nouvelle étape vers la paix, avec le premier cessez-le-feu bilatéral de son histoire avec l’ELN, dernière guérilla de Colombie, qui entrait en vigueur à minuit.


Cette suspension des hostilités est temporaire: elle court jusqu’au 9 janvier dans un premier temps et pourra être prolongée. Elle a été conclue le 4 septembre dans le cadre des négociations de paix menées à Quito, dans l’Equateur voisin, pour mettre un point final au plus vieux conflit du continent.


Le cessez-le-feu intervient après un processus similaire avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxiste): de l’arrêt des combats au désarmement, l’ancienne principale guérilla du pays, avec 7.000 combattants, est aujourd’hui transformée en parti politique légal.


Mais le contexte est particulièrement tendu, l’Armée de libération nationale (ELN) ayant multiplié ces derniers mois les opérations contre l’armée et la police, ainsi que contre des installations pétrolières, polluant en outre le pays.


Au total 47 membres des forces de l’ordre ont été tués ou blessés depuis le mois de janvier, selon le ministre de la Défense Luis Carlos Villegas.


Samedi, le chef négociateur du gouvernement, Juan Camilo Restrepo, a condamné la “charge insensée” de la guérilla et a dit espérer que l’ELN “tienne sa parole” et efface la “mauvaise image et l’incrédulité” qu’elle suscite.


– “Respecter le cessez-le-feu” –


Signe de cette crispation ambiante, le chef suprême de l’ELN, Nicolas Rodriguez, alias “Gabino”, a appelé vendredi ses hommes à respecter la trêve à compter de dimanche à minuit (05H00 GMT).


“J’ordonne à toutes les troupes, sur l’ensemble du territoire national, de cesser tout type d’activités offensives afin de respecter pleinement le cessez-le-feu bilatéral”, a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par l’ELN sur son compte YouTube.


Dans cette vidéo, le dirigeant apparaît dans une zone montagneuse, assis face à une table où sont posés un fusil, un ordinateur portable et un talkie-walkie.


“Je n’ai aucun doute sur votre loyauté pour respecter cet engagement dans tous ses aspects”, a lancé Nicolas Rodriguez à ses troupes.


De son côté, le président colombien Juan Manuel Santos a estimé que, pendant la durée de la trêve, “l’ELN doit arrêter de commettre des enlèvements, de recruter des mineurs, de poser des mines, d’attaquer nos infrastructures”, en référence aux attaques contre des oléoducs du pays.


“Et, bien sûr, elle doit cesser toute action offensive contre nos forces armées et de police”, a ajouté le dirigeant en s’adressant à l’armée avant le début de la trêve.


L’armée a, elle, reçu instruction par décret de suspendre ses opérations contre les rebelles.


– “Paix complète” –


Après l’accord historique signé en novembre 2016 avec la guérilla des Farc, M. Santos, qui quitte le pouvoir en août 2018, entend parvenir à une “paix complète” pour son pays déchiré par une guerre fratricide qui a fait au moins 260.000 morts, plus de 60.000 disparus et environ sept millions de déplacés.


Forte d’encore quelque 1.500 combattants, l’ELN est issue en 1964 d’une insurrection paysanne et est inspirée par la révolution cubaine.


La guérilla exige pour sa part du gouvernement de meilleures conditions pour ses quelque 450 membres emprisonnés et le renforcement de la protection des leaders d’associations et défenseurs des droits de l’homme, dont quelque 190 d’entre eux ont été assassinés depuis janvier 2016, la plupart par d’ex-paramilitaires.


Le cessez-le-feu sera vérifié par un comité composé de représentants de l’ONU, du gouvernement, des rebelles et de l’Eglise catholique.


Certains observateurs jugent que la trêve avec l’ELN pourrait être plus fragile que celle conclue avec les Farc: cette dernière guérilla ayant toujours eu une organisation verticale, tandis que l’autre rébellion possède une structure plus “fédérée”, chaque front ayant son mot à dire.


Ceci “confère une grande autonomie opérationnelle (…) à ses blocs”, explique à l’AFP Jorge Restrepo, directeur du Centre d’études et de recherches pour l’analyse du conflit (Cerac).


Le conflit en Colombie a, au fil des décennies, impliqué une trentaine de guérillas de gauche, des milices paramilitaires démobilisées en 2006 et les forces de l’ordre

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