En déco aussi, l'école d'antan a ses adeptes
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Vieux pupitres, chaises d’école en métal et bois, cartes anciennes de géographie… L’école d'”antan” est devenue tendance: particuliers et décorateurs s’arrachent le mobilier scolaire vintage, pour sa robustesse et les souvenirs qu’il évoque.
A Paris, au restaurant branché Pansoul qui vient d’ouvrir le long des quais de la Seine, on mange sur de vieilles chaises en métal et bois dépareillées, des tables de cantine chinées ou encore un ancien pupitre d’école.
“Les clients adorent!”, assure Jonathan Malaisé, qui a réalisé la décoration du lieu. “Au départ, le choix de ce mobilier, racheté à des collectivités, a été fait pour des raisons économiques. En fait, ces objets plaisent beaucoup aux clients, qui n’ont pas peur de les abîmer et se sentent bien dans ce décor +vintage+”, poursuit-il.
L’école d’autrefois s’affiche dans les bars, restaurants ou boutiques, mais aussi chez des particuliers, qui n’hésitent pas à disposer d’anciennes chaises d’écoliers autour de leur table de salle à manger.
Il y a quelques années, Charlotte Lucet n’a pas attendu que ses jumeaux entrent à l’école pour leur dénicher sur une brocante un ancien bureau double en bois massif, avec ses chaises intégrées, sa structure métal tubulaire, son casier et sa place pour l’encrier et la réglette. “Il m’a coûté 50 euros et est bourré de charme”, décrit-elle. En outre, elle a “l’impression de ne pas céder à la consommation à outrance en offrant à ce meuble une seconde vie”.
Chez d’autres, ce sont des affiches scolaires Vidal-Lablache qui égayent les murs.
Des années 1880 à la fin des années 1960, plusieurs générations d’élèves ont appris à connaître la France et le monde grâce à ces cartes colorées, qui ornaient les salles de classe à côté du tableau noir. Elles se revendent aujourd’hui parfois plus de 200 euros sur des sites comme Selency.com, brocante en ligne créée en 2014.
– “Imaginaire de l’école d’autrefois” –
“Dès le début, on a ouvert sur le site une catégorie dédiée à l’enfance, qui fonctionne très bien”, explique Charlotte Cadé, sa cofondatrice. “Dès qu’on rentre un bureau d’écolier des années 50 ou 60 par exemple, il se vend aussitôt”. La jeune femme explique facilement cet engouement: “ce sont des objets robustes, qui ont du charme et agissent un peu comme une boîte à souvenirs”.
Manuel Charpy, historien spécialiste des objets, fait le même diagnostic: “on achète ce type de mobilier parce qu’il renvoie à l’imaginaire de l’école d’autrefois”, souvent idéalisée, “une école où il y avait moins de problèmes, où on écrivait bien le français”.
“Ils racontent aussi une histoire forte, celle d’un monde qui disparaît, avant la société de consommation, avant le plastique”, poursuit-il.
Ces objets sont arrivés massivement sur le marché à la fin des années 1990, quand le mobilier scolaire a été renouvelé pour répondre à de nouvelles contraintes de sécurité ou d’hygiène. Aujourd’hui, quelques écoles vendent encore des pièces sur des sites spécialisés, souvent rachetées en gros.
Avec sa société, Label Edition, Nicolas Girard, a, lui, décidé de rééditer une chaise mythique: la Mullca, créée après la guerre par Gaston Cavaillon. Ce siège robuste, constitué de tubes métalliques ainsi que d’une assise et d’un dossier en contreplaqué, a servi à des centaines de milliers d’écoliers, des années 60 à la fin des années 80. La Mullca présentait un avantage: grâce à la cambrure de ses pieds arrière, son dossier ne touchait jamais les mur des classes et ne pouvait donc pas les abîmer.
M. Girard la fait aujourd’hui “revivre à l’identique”: “on a retrouvé le brevet, les dessins d’origine, on a relancé la fabrication, en y ajoutant seulement des couleurs”. Une façon pour lui de parer à la nostalgie. “Ce produit emblématique, je l’ai utilisé toute ma jeunesse”.
Article source: https://www.haaretz.com/israel-news/business/1.820856
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